La Servante

Traditionnellement dans le cadre de la Commedia dell'arte ce personnage ne portait pas de masque. Il s’agissait le plus souvent, d’un simple maquillage.

 

La servante est le personnage le plus intelligent de la Commédia dell’ arte. Il faut dire qu’elle a fort à faire : entre un maître qui la poursuit sans cesse de ses assiduités et un collègue de travail : Arlequin qui n’a de cesse que de tenter de la séduire.


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Elle symbolise l’énergie féminine liée à la séduction. Elle porte une parole qui cherche à faire du lien et à se protéger des effets d’un monde bien trop masculin; où le pouvoir et l’exercice de celui ci n’est, en apparence, qu’une question d’homme.

 Ce personnage pose le thème principal de la dominance des valeurs et de la parole masculine sur les valeurs que développe et défend la parole féminine. Soit un monde de combat, de compétition et de hiérarchie face à un monde d’accueil, de partage, d’écoute et de compassion.

La servante est ce contre pouvoir qui agit indirectement pour atténuer ou transformer les affirmations ou dogmes posés par les maîtres pour asservir leur monde. Une parole maternelle tendue vers l’avenir, une parole qui soigne et apaise les conflits.  C’est d’ailleurs toujours elle, que les autres personnages viennent chercher lorsqu’ils sont en but avec le pouvoir. Par sa grande capacité d’analyse et son intelligence, la servante trouve toujours la solution ou, la manière de présenter les choses qui transformera les affirmations et désirs de ses maîtres; en acceptation d’écoute, du point de vue du dominé.


Masque d'ingénue ou de servante.

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Par la ruse, la manipulation et la séduction elle tisse sa toile comme un général d’armée place ses troupes et, finit toujours par obtenir ce qu’elle désire. Pourtant les stratagèmes qu’elle développe ne sont pas là pour servir ses propres intérêts, mais plutôt celui des autres personnages, des sans grades, des dominés.


Photo : Masque realisé pour la Compagnie du Lysandore. lolly


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La servante ou le rapport au masque lié à la mort :


La servante traditionnellement ne portait pas de masque. Car le masque était réservé aux hommes, comme dans toutes les cultures du monde où les femmes, porteuses de vie sont : à la fois les gardiennes des générations futures et celles du monde familial ( la terre ).

A ce titre, elles ne doivent pas approcher du masque, puisque celui ci est une représentation de la mort. La femme étant le réceptacle, d’où jaillit la vie, n’a pas comme l’homme cette obligation d’étude du mythe, car Dieu passe en elle; elle expérimente lors de la gestation  l’union mystique, entre son corps et l’entité créatrice du monde. L’homme, pour qui ce spectacle divin reste extérieur à lui, a besoin de conceptualiser son rapport à la divinité. Ce qui fait de lui le gardien du mythe fondateur et de la loi, le répétiteur et, l’enseignant de la culture du groupe ( le ciel ) .

L’homme qui chasse, combat et fait la guerre, devient le gardien du groupe et de la mort (le ciel). Il est donc logique, que ce soit lui qui approche et porte le masque.

Des études ethnologiques comparant les activités, suivant la culture, chez les peuples premiers ont démontré que si l’on peut constater, dans certaines cultures très minoritaires, que les femmes chassent le petit gibier ( tabou lié à l' interdiction de faire couler le sang ) ; dans aucune d'entre elles, la femme n’est tenue de faire la guerre ou, de porter le masque.


Texte: Den facteur de masques de théâtre. denmasques@cegetel.net

 

 

 

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